TIGRES ET HYÈNES
Lui-même l’avouerait sans doute : le cinéma de Jérémie Guez est anachronique. Il embrasse avec ferveur, sans post-modernisme, un genre, le polar qui, à part quelques exceptions comme 36, QUAI DES ORFÈVRES, a vécu son heure de gloire en France il y a plusieurs décennies. TIGRES ET HYÈNES assume d’autant plus qu’il met en scène un monde suranné, voire mythifié, et lui aussi disparu : celui du banditisme régi par un certain code d’honneur. Pour sauver son beau-père de la prison, Malik (Waël Sersoub, déjà vu chez Guez dans KANUN et B.R.I.) doit effectuer un braquage à haut risque et s’associe à d’anciens malfrats rangés des voitures… La grande qualité de TIGRES ET HYÈNES est de dérouler au premier degré un programme écrit et mis en scène avec un évident souci du travail bien fait – ce qui n’a rien d’un détail. Guez, ex-romancier, aiguise ainsi des dialogues crédibles à l’argot naturaliste et construit une intrigue qui ne sacrifie jamais l’écriture de ses personnages, certes archétypaux, mais jamais monolithiques – l’avocate ripoux incarnée par Géraldine Nakache et le bandit romanesque de Sofiane Zermani se détachent du lot. Mais surtout, Guez et son équipe offrent un spectacle tenu, avec en point d’orgue deux grandes séquences de braquage et d’évasion au découpage clair et à l’action efficacement réglée. Preuve, une nouvelle fois, qu’anachronisme n’est pas synonyme de ringardise.
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Réalisateur : Jérémie Guez
Avec : Waël Sersoub, Sofiane Zermani, Géraldine Nakache, Olivier Martinez
Pays : France
Durée : 1h45