ODDITY
Au fin fond de la campagne irlandaise, aux heures sombres de la nuit, Dani, une jeune femme, sort dans la cour de son immense maison en pleine rénovation. Elle est seule, son mari travaille de nuit dans un hôpital psychiatrique, et elle vient chercher quelque chose dans sa voiture, laissant la porte ouverte derrière elle. Alors qu’elle retourne dans la bâtisse et s’enferme, quelqu’un frappe à la porte. À travers un judas rustique, un homme – œil de verre, cheveux longs filasses, capuche sur la tête et comportement agité – lui explique qu’il a vu quelqu’un entrer dans la maison lorsqu’elle avait le dos tourné et lui demande de lui ouvrir pour aller vérifier. Cut. Elle n’en sortira pas vivante. ODDITY se poursuit un an plus tard quand Darcy, la sœur jumelle de Dani, une médium aveugle, revient sur le lieu du crime espérant élucider une bonne fois pour toutes ce qui s’est passé ce soir-là. Mêlant paranormal, crime sordide tout droit sorti d’un true crime, humour noir et charmant accent irlandais, le deuxième long-métrage de Damian Mc Carthy est une claque. Mettons immédiatement sur le tapis les problèmes : le film n’est pas toujours très bien joué, les dialogues sont parfois mal écrits et le tout manque de budget. Mais quelle frousse ! Déjà avec son premier long-métrage, CAVEAT, le cinéaste avait démontré son talent de metteur en scène. Il le confirme à nouveau ici, jouant avec intelligence des cadrages, de l’étirement de certains plans, d’effets de surprise et du hors-champ. ODDITY est une leçon de syntaxe de l’angoisse. C’est tout bonnement irrespirable. Ayant bien compris que « less is more », Damian Mc Carthy parvient à installer une ambiance dont il est impossible de se défaire. La peur se déploie, insidieusement, pénétrant petit à petit chacun des pores de la peau pour y dresser les poils, un a un. Les jambes fourmillent, cherchant à fuir, mais sont paralysées par la terreur. Et fuir pour aller où ? Le film insiste sur l’absence d’échappatoire, sur l’inéluctabilité des événements. Une sensation de fatalité renforcée par une étrange sculpture humanoïde que Darcy amène avec elle pour résoudre son enquête. Golem en bois au visage déformé par une sorte de douleur sans fin, il rejoint immédiatement la galerie des automates cauchemardesques, aux côtés d’Annabelle, Jigsaw, Chucky et du Billy de DEAD SILENCE. Par son adresse, qui prouve que ce n’est pas l’argent qui fait le talent, ODDITY rappelle la sensation horrifique de 2009, THE HOUSE OF THE DEVIL d’un certain Ti West. On souhaite à Damian Mc Carthy un avenir au moins aussi radieux que celui du réalisateur de la trilogie X.
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Réalisateur : Damian Mc Carthy
Avec : Carolyn Bracken, Gwilym Lee, Tadhg Murphy, Steve Wall
Pays : Irlande
Durée : 1h38