ELLIAN ET LE SORTILÈGE
Ce n’est pas encore pour cette fois. Skydance Animation, branche de Skydance Media fondée par David Ellison en 2017, ne lésine pourtant pas sur les moyens. Entre le talentueux, mais controversé, John Lasseter à la tête de l’animation, des réalisateurs qui ont fait leurs preuves aux manettes des projets (Alan Menken, Brad Bird ou encore Nathan Greno pour n’en citer que quelques uns) et des castings vocaux prestigieux, le studio ne parvient cependant pas à trouver son « truc ». Il faut dire que les ennuis se sont accumulés : après un deal avec Paramount, rendu caduc par l’arrivée de Lasseter, un autre avec AppleTV+, qui s’est achevé en eau de boudin après le succès en demi-teinte du premier long métrage du studio LUCK, c’est finalement Netflix qui a repris le flambeau de la distribution exclusive des œuvres créées par Skydance. Pas facile, dans ce cadre, auquel s’ajoutent les départs successifs et les arrivées prestigieuses, de bâtir une base solide. C’est dans ce context que débarque ELLIAN ET LE SORTILÈGE (SPELLBOUND en VO, autrefois appelé SPLIT, puis THE UNBREAKABLE SPELL). Réalisé par Vicky Jenson, co-réalisatrice du premier SHREK et réalisatrice de GANG DE REQUINS (joli CV), le film suit l’histoire d’Ellian, une princesse à la « positive attitude » vissée au corps, dont les parents ont été ensorcelés et transformés en monstres, aussi puérils que destructeurs. Alors que le peuple gronde de ne plus voir le couple royal, et que le personnel du château ne sait plus comment cacher cet encombrant secret et pense au putsch, la jeune fille se lance dans une épopée à travers la sombre forêt pour résoudre le problème. Film d’animation sur la dureté du divorce du point de vue d’une adolescente obligée de grandir trop vite, ELLIAN ET LE SORTILÈGE propose une histoire, certes un peu étirée, mais originale et touchante. Cependant, malgré des personnages sympathiques et des chansons un peu attendues mais pas désagréables, le long métrage de Vicky Jenson semble ne s’épargner aucun cliché du genre et fonce dans les poncifs, aussi bien narratifs que visuels. La 3D lisse et la créativité aux abonnés absents ne permettent pas au film de donner corps à ce monde, par ailleurs intriguant et aux possibilités folles. Sans réelle opposition, ni réel danger, ELLIAN ET LE SORTILÈGE manque d’une certaine gravité qui lui permettrait de gagner et en profondeur, et en émotions, passant à côté d’un sujet qui concerne pourtant nombre de ses éventuels spectateurs. Peut-être que POOKOO de Nathan Greno (RAIPONCE), le prochain film de Skydance Animation, prévu pour 2025, sera celui qui lui donnera, enfin, sa patte spécifique.
Partagez cette chronique sur :
Réalisateur : Vicky Jenson
Avec : les voix originales de Rachel Zegler, Nicole Kidman, Javier Bardem, John Lithgow
Pays : États-Unis
Durée : 1h46