BRÛLE LE SANG
« S’il est en bas, c’est intéressant. S’il est en haut, c’est intéressant. Si l’horizon est au milieu, c’est d’un terrible ennui ». Cette citation sur l’intérêt d’un film par la manière dont est cadré l’horizon, que Steven Spielberg et Tony Kushner prêtent à John Ford dans THE FABELMANS, est-elle authentique ? On ne le saura jamais mais elle se vérifie pourtant dans le premier long d’Akaki Popkhadze. Ne serait-ce que par le choix de filmer Nice sous d’autres lignes de fuite que le ciel azuré sur la promenade des Anglais. Dès sa première séquence, BRÛLE LE SANG nous offre une vision trompeuse de la Riviera et revendique l’envie d’aller dans les coulisses de la ville… comme dans celles de la mafia géorgienne. Même la trame de polar, musclée, n’est qu’une façade pour s’attacher à un évangile selon Scorsese. L’immersion naturaliste dans un bestiaire de petites frappes (porté par un casting nickel, de Nicolas Duvauchelle à Sandor Funtek) rappelle MEAN STREETS ; mais surtout BRÛLE LE SANG grave à son fronton la sainte trinité de son modèle : famille, violence et religion. Popkhadze marque ce faisant son propre territoire : derrière l’efficace récit d’une guerre des gangs, c’est la relation claustrophobe entre deux frères et leur mère qui impressionne. BRÛLE LE SANG passe d’un film à ciel ouvert à une tragédie à cœur fermé, tout en fatum. De quoi ouvrir grand les horizons pour un cinéaste très prometteur.
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Réalisateur : Akaki Popkhadze
Avec : Nicolas Duvauchelle, Denis Lavant, Sandor Funtek, Florent Hill
Pays : France
Durée : 1h49