PEACOCK

17/06/2025 - Par Emmanuelle Spadacenta
Une comédie singulière et particulièrement smart sur un homme qui, à force d’être payé à être n’importe qui, est devenu n’importe quoi.

Pour son premier long-métrage, Bernhard Wenger aurait pu être Ruben Östlund mais il a décidé d’être lui-même. C’est ce qu’on souhaite rapidement à son personnage principal, Matthias, qu’on peut louer à plusieurs occasions : pour être le fils idéal, le petit ami parfait ou un ersatz de conjoint avec qui on apprend à gagner une dispute. À force d’être payé pour plaire à tout le monde, Matthias est devenu super chiant. Il n’a plus aucun avis sur rien et toutes ses émotions semblent en berne. Sa compagne claque donc la porte. On voit tout de suite ce qu’aurait pu être PEACOCK mis en scène par Ruben Östlund donc. Mais on imagine aussi très bien ce qu’il aurait été réalisé et joué par Philippe Lacheau. Il n’a pourtant ni la provocation scatologique CSP+ du premier, ni la vulgarité facile et beauf du second. Il semble en revanche complètement intrigué par cette start’up nation aux concepts à la con, qui trompe sa solitude et sa médiocrité en soignant ses apparences. Qu’est-ce qui s’est passé chez Matthias pour qu’il soit vide de lui, pour qu’il ait été dévoré par le bon filon qu’il a su exploiter ? Et surtout, jusqu’à quand accepter d’être mou et invisible ? Le lien entre le film et l’époque est quasiment impalpable, toujours sous-jacent mais Bernhard Wenger capte parfaitement l’ère du temps, du tout Instagramable sans pour autant surfer sur la critique facile du contemporain. Étonnant.

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Sortie : 18.06.25
Réalisateur : Bernhard Wenger
Avec : Albrecht Schuch, Julia Franz Richter, Anton Noori, Branko Samarovski
Pays : Autriche / Allemagne
Durée : 1h42
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