YOKAI, LE MONDE DES ESPRITS

Icône fatiguée de la chanson française des années 70, Claire Emery se rend au Japon, où on l’adore, pour un ultime concert. À l’issue de ce tour de chant, elle décède. Désormais esprit, elle erre dans les rues avant de rencontrer un autre fantôme, Yuzo, son plus grand fan. Ensemble, ils entament un voyage à travers le Japon, qui va les mener vers le fils de Yuzo, cinéaste alcoolique qui peine à retrouver l’inspiration… Après LA SAVEUR DES RAMEN et TATSUMI, le réalisateur singapourien Eric Khoo continue d’établir des passerelles avec le Japon dans YOKAI, LE MONDE DES ESPRITS. L’histoire, imaginée par son fils Edward, ne surprend jamais vraiment, mais l’essentiel réside ailleurs, dans les sentiments diffus que Khoo distille au long de son récit, pour une peinture assez touchante et délicate du deuil et des regrets. Quelques jolies idées de mise en scène incarnent ces émotions à l’écran : peu importe la langue qu’ils parlent, français ou japonais, les fantômes se comprennent ; les spectres apparaissent à l’improviste, par la grâce d’une simple coupe, asseyant une sorte d’omniprésence mélancolique. Une mécanique qui opte pour un doux naturalisme et qui fait ainsi du fantastique une réalité palpable. Là, l’interprétation légèrement clinique de Catherine Deneuve apparaît parfois un peu trop à distance, mais celle de Yutaka Takenouchi résonne de belles nuances.