TIGRESSE
Une femme, en contre-plongée, pointe une arme vers la caméra. Cette TIGRESSE, nommée dans le titre, est-ce elle ou l’animal qu’elle vise ? Véra est vétérinaire dans un zoo. Un soir, après avoir surpris son mari en train de la tromper, choquée et bouleversée, elle ferme mal l’enclos de la tigresse qu’elle vient de retirer à son propriétaire. L’animal s’échappe, alors Véra, consciente de sa faute, participe à la traque du félin. Elle y trouve l’occasion de confronter à la fois son mari et son passé traumatique récent… TIGRESSE ne fait pas mystère de sa mécanique métaphorique dans laquelle Véra, accablée par le chagrin, projette ses propres sentiments sur l’animal qu’elle poursuit – sa solitude, ses émotions qui l’emprisonnent, son agitation pour s’en libérer. Ainsi, un parallèle se crée très rapidement entre la femme et la féline, sans doute parce que, comme l’assure un prêtre lors d’une scène d’enterrement, « ce qui arrive aux fils des hommes est aussi ce qui arrive aux bêtes ; il y a pour tous un même sort » – la mort. C’est avec cette cruelle vérité que Véra bataille et TIGRESSE propose à ce titre une solide étude de caractère, la caméra fermement rivée à cette protagoniste dont on découvre progressivement les plaies, et la manière dont elle tente, ou pas, de les panser. Dommage, ainsi, que le récit semble trop court. Circonscrit à 80 minutes, il apparaît par moments presque précipité, alors que les sentiments de Véra, tour à tour tempétueux, contemplatifs et résilients, méritaient bien qu’on s’y attarde davantage. D’autant que Catalina Moga délivre une belle prestation, à la hauteur des nuances qui traversent son personnage.
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Réalisateur : Andrei Tanase
Avec : Catalina Moga, Paul Ipate, Alex Velea, Virgil Aioanei
Pays : Roumanie
Durée : 1h20