LITTLE JAFFNA

Michael, policier d’origine sri-lankaise, est chargé d’infiltrer un gang tamoul au cœur de Paris, afin de démanteler un réseau de financement des Tigres Tamouls, considérés comme terroristes par l’Union Européenne… Jaffna a longtemps été un symbole fort. Pendant des décennies, cette ville du Sri Lanka a abrité au-delà des hindous, des catholiques et des musulmans. La prise de pouvoir par les Tigres Tamouls a réduit l’endroit à peau de chagrin. Little Jaffna n’est pas beaucoup plus grand, quelques rues dans le quartier indien de Paris. Son nom, utilisé avant tout par les Sri lankais, renforce sa part de clandestinité. Elle a sans doute nourri le récit d’infiltration choisi par Lawrence Valin. Étonnamment, ce premier long se basant sur du microlocal voit beaucoup plus large en conviant une cinéphilie débordante. Aux influences américaines (forcément le MEAN STREETS de Scorsese, mais aussi James Gray par son opposition entre famille de sang et de cœur) s’ajoutent autant celles du néo-cinéma de genre japonais – une séquence de baston cousine du kinétisme d’un Takashi Miike – ou de Kollywood – le rapport chorégraphique aux corps. Le sceau d’un métissage qui est au cœur même de LITTLE JAFFNA, pour en aborder les résultantes culturelles, sociopolitiques et plus encore intimes. Sous la trame policière s’inscrit aussi une étude de la masculinité, Michael, son agent infiltré, étant partagé entre la virilité des gangs et l’affection protectrice de sa grand-mère. Ce film sur une crise d’identité trouve la sienne en s’aventurant sur un terrain peu visité par le cinéma français par sa combinaison d’actioner et d’ethnographie.