LES ENFANTS ROUGES

Nizar, 16 ans, et Achraf, 14 ans, emmènent leurs brebis dans les montagnes. Ils y sont bientôt attaqués par des hommes. L’un des deux garçons est assassiné et l’autre doit rentrer au village rapporter la nouvelle… LES ENFANTS ROUGES ne détourne jamais le regard de la violence indicible qui ouvre le récit. Lotfi Achour la filme même plein cadre, brute et percutante, sans stylisation mais en assumant néanmoins que sa gratuité et sa soudaineté provoquent un choc. En quelques images seulement, l’horreur que vivent ces deux garçons est ainsi posée, le cinéaste radiographiant ensuite soigneusement l’onde de choc. Le deuil de la famille du garçon, bien évidemment, et plus globalement celui de tout son village qui, dès lors, organise l’expédition pour aller rechercher son corps à la place d’autorités couardes et démissionnaires. Mais surtout les conséquences dévastatrices sur le garçon qui reste, celui qui a échappé à la mort sans savoir ni comprendre pourquoi. Là, en plongeant ses yeux dans ceux de son jeune acteur, terrassant de vérité, la caméra capte une peine insondable que les mots ne sauraient pleinement exprimer. Alors Lotfi Achour use d’images marquantes, d’une beauté poétique fulgurante, tour à tour rêveuses ou cauchemardesques. Un pur acte d’empathie qui, par son humanité, refuse la folie d’un monde qui accepte encore le sacrifice d’enfants sur l’autel des idéologies.