L’EFFACEMENT
On voit peu au cinéma l’Algérie de la bourgeoisie. C’est bien elle, pourtant, qui permet à Karim Moussaoui d’aborder des problématiques sociétales contemporaines, comme le pouvoir écrasant du pater familias sur les fils. Si son frère a fui le foyer pour échapper aux colères paternelles, Reda est, lui, englué dans un mécanisme de soumission, d’autant plus qu’il travaille au sein de l’entreprise que son père dirige, comme une pièce clé de la stratégie de ce dernier pour garder le pouvoir. Mais à la mort de celui qui contrôlait de son mariage à sa carrière, Reda perd pied et pendant son service militaire, particulièrement traumatisant, il constate que son reflet n’apparaît plus dans le miroir. L’EFFACEMENT a su tirer du roman de Samir Toumi dont il s’inspire toute l’étrangeté évasive que la littérature peut se permettre mais a su mettre des images, aussi sobres soient-elles, dessus. Profitant à plein des décors des déserts algériens ou du restaurant dans lequel son personnage fait la rencontre d’une femme qui sera sa rédemption et sa perte, Karim Moussaoui orchestre, avec des images évocatrices, la renaissance d’un fils qui voudrait se défaire de la violence du système dans lequel il a été élevé. Dans le rôle principal, Sammy Lachea – qu’on ne connaissait que d’un rôle secondaire dans LE PRIX DU PASSAGE – manie à merveille le curseur de son charisme, jouant tour à tour les garçons effacés et les hommes dangereux.
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Réalisateur : Karim Moussaoui
Avec : Sammy Lachea, Zar Amir, Hamid Amirouche, Idir Chender
Pays : France / Allemagne / Tunisie
Durée : 1h33