DIMANCHES
Dans ce premier long-métrage du jeune réalisateur ouzbek Shokir Kholikov, l’ambition et la profondeur du propos se conjuguent au minimalisme du dispositif. L’espace de la petite cour d’une maison rurale nous fait observer le quotidien paisible d’un couple de vieillards travaillant la laine. Oscillant entre le détail des travaux manuels, la langueur du repos des fins de journée et la douceur tranquille guidant les rapports silencieux du couple, la mise en scène se fait contemplative et documentaire dans sa retenue. Le drame n’intervient qu’avec l’intrusion forcée de la modernité dans cette existence, par la présence / absence des deux fils de la famille. La technologie (écran plat, smartphone) rompt la répétitivité humble de ce quotidien tandis que la vieille maison familiale est désormais un obstacle à l’expansion de nouveau riche du fils aîné. Kholikov par ce contexte en mutation montre aussi l’exacerbation négative des archétypes que constituent initialement le vieux couple. Le silence bourru du patriarche se fait tyrannique et violent une fois ses habitudes menacées, la dévotion de la mère glisse vers la soumission patriarcale, et l’équilibre délicat de leurs existences s’estompe progressivement. Tout en décelant les influences évidentes d’un certain pan austère et poétique du cinéma iranien, Kholikov parvient à creuser un sillon personnel et prometteur dans ce beau galop d’essai.
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Réalisateur : Shokir Kholikov
Avec : Abdurakhmon Yusufaliyev, Roza Piyazova
Pays : Ouzbékistan
Durée : 1h37