BALLE PERDUE 3
BALLE PERDUE et BP2 passent haut la main l’épreuve du temps et des visionnages en boucle. Le premier est un classique du film d’action, blindé d’idées et porté par des personnages solides, précisément caractérisés. Le deuxième a sûrement ses défauts mais ils sont balayés par la générosité d’une longue et impressionnante course poursuite. BP3, lui, surprend par la qualité de son écriture, certains choix narratifs audacieux et son envergure hyper spectaculaire. Choix étonnant mais qui avait déjà payé pour le deuxième film, le début de BP3 vient piocher entre la fin de BP2 et son épilogue post-générique et suit Areski avant qu’il ne revienne dans le sud récupérer un vieux Renault Espace à la casse. Planqué jusque-là en Allemagne, l’agent des stups prenait toujours part au réseau entre la France et l’Espagne mais on lui réservait malheureusement le même sort qu’à feu son copain Marco. Il a donc décidé de rentrer en France auprès de sa femme et de son enfant. Fraîchement libéré des geôles d’Espagne par le commissaire Resz, saint patron des go fast, et recueilli par Julia, reléguée à la circulation (on exagère à peine), Lino apprend que son ennemi juré, celui qui a tué Charas, est à portée de vengeance. Mais Areski a aussi Yuri à ses trousses, le fidèle bras armé de Resz. Les personnages et le récit, d’une limpidité exemplaire, convergent vers un dénouement brutal. Mais avant d’en finir, Guillaume Pierret élabore d’opulentes scènes d’action mécaniques – dont une dans un parc, habitée par l’esprit de DIE HARD 3, particulièrement impressionnante – ou des morceaux de baston jubilatoires – cette scène de combat à trois dans le tramway, mise en scène avec malice par le chorégraphe Manu Lanzi, drôle, féroce et qui, ce n’est pas toujours le cas, fait avancer l’intrigue. Si on apprécie l’écriture de ce BALLE PERDUE 3, c’est qu’elle s’impose plusieurs défis pour le bien de l’histoire. Guillaume Pierret introduit dans cette dernière ligne droite deux nouveaux personnages cruciaux : l’un qui arrive avec une aura déjà écrasante, Resz (Gérard Lanvin, qui l’habite immédiatement) ; l’autre qui débarque avec un énorme capital sympathie et que le réalisateur intègre sans heurt à la grande famille BALLE PERDUE : la mécano Sarah, incarnée avec un chien assez dingue par Julie Tedesco. Autre choix narratif audacieux : redistribuer les temps d’écran de telle sorte que tous les personnages voient leur arche narrative bouclée correctement, même si cela veut dire qu’Areski et Lino aient la même importance. Enfin, dernière prouesse : faire de Yuri (époustouflant Quentin D’Hainaut), gros salopard du deuxième film, un héros à sa manière, un type pour qui on finit par rouler. Le film entérine la vista unique, le savoir-faire écrasant de Guillaume Pierret dans un dénouement explosif et inventif, qui nous laisse exsangues, épuisés, mais franchement heureux.
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Réalisateur : Guillaume Pierret
Avec : Alban Lenoir, Stéfi Celma, Gérard Lanvin, Nicolas Duvauchelle
Pays : France
Durée : 1h51