LES ARÈNES

Marchandisation des corps et espoirs le plus souvent déçus : chez les jeunes, le foot ressemble plus à un asservissement qu’a un épanouissement. C’est ce que montre Camille Perton, lorsqu’elle filme des juniors poser de manière lascive pour faire plaisir aux sponsors, au milieu d’une arène en ruine. C’est aussi ce que raconte tout le film, à travers les yeux de Mehdi (Sofian Khammes), agent de son cousin Brahim (formidable Iliès Kadri), 18 ans, bien parti pour passer pro. Mais quand un mystérieux homme d’affaires promet à Brahim une carrière dans les plus grands clubs, difficile pour le joueur de garder la tête froide, même exhorté par son aîné à la jouer réaliste. Le ballon rond n’est pas qu’affaire de talent : il s’agit aussi de stratégie, de chance et d’une bonne dose de bluff. LES ARÈNES décrit la pyramide des pouvoirs à l’œuvre dans le foot, machine gargantuesque qui broie de l’athlète pour assouvir de déraisonnables appétits. Une écriture redoutable, mais aussi chez la réalisatrice, un talent pour mettre une ambiance dégueulasse à la table des négociations. Pour cela, elle est bien aidée par le capital sympathie, et légèrement récessif, de Sofian Khammes et la présence dévorante et hypersexuée d’Édgar Ramírez. Moins bling que le MERCATO avec Jamel Debbouze, LES ARÈNES pose aussi son regard sur la santé mentale des athlètes pour combler un quasi-vide artistique autour du sujet.