CE NOUVEL AN QUI N’EST JAMAIS ARRIVÉ

29/04/2025 - Par Emmanuelle Spadacenta
Dans l’école roumaine contemporaine, CE NOUVEL AN QUI N’EST JAMAIS ARRIVÉ détone par son humour à froid et son approche très directe de l’Histoire.

Le cinéma roumain aborde souvent l’Histoire du pays par ce qu’il en reste. Bogdan Muresanu préfère filmer 1989, et la fin de la dictature, dans un « feel good movie » qu’il choisit « d’arrêter quand tout était parfait »* (Cineuropa), c’est-à-dire au début de la révolution. Resserré sur quelques jours en décembre, son récit est choral et ses personnages vivent chacun leur régime autoritaire, qu’ils y obéissent, qu’ils tentent d’y résister ou qu’ils s’apprêtent à en être la victime – comme cette scène entre hilarité et effroi où un homme découvre que son fils a demandé au père Noël, par écrit, dans une lettre qui sera prochainement ouverte par les autorités, et pour faire plaisir à son papa, « la mort de Nicolae ». Inspiré par une émission à la gloire de Ceausescu jamais diffusée qu’il a retrouvée sur YouTube, Muresanu adopte le 1:33, un style documentaire et un gros grain très Europe de l’Est pour raconter, malgré l’humour et la modernité, ce qu’est un régime oppressif et comment il écrase la vie professionnelle, privée et amicale. Au-delà de la peur, il évoque avec un humour caustique l’exaspération, la fatigue d’être dans une opposition politique intime, secrète, impossible à exprimer. « C’est très important que personne n’oublie ce qu’était ce genre de régime, surtout quand il y a le risque d’y replonger » dit le réalisateur*. Les meilleures comédies politiques ne sont-elles pas finalement celles qui ne font pas rire ?

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Sortie : 30.04.25
Réalisateur : Bodgan Muresanu
Avec : Mihai Calin, Nicoleta Hâncu, Emilia Dobrin, Adrian Vancica
Pays : Roumanie
Durée : 2h18
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