LE JOUEUR DE GO
Yanagida, samouraï qui a fui son maître pour de mystérieuses raisons, vit avec sa fille à Edo. Son seul plaisir ? Le jeu de go, où il excelle. Il se lie bientôt d’amitié avec un autre joueur, prêteur sur gages. Le foisonnement du JOUEUR DE GO est à la fois sa grande qualité et son talon d’Achille. Le récit prend tout le temps d’exposer la personnalité de Yanagida et son environnement – systèmes sociaux, économiques, moraux… L’entreprise est aussi louable qu’enrichissante, mais les enjeux dramatiques tardent à s’y imposer, la construction narrative, parfois maladroite et abrupte, toute en rebonds soudains et revirements forcés, donnant la sensation que le film navigue à vue. Pourtant, impossible de ne pas être captivé, notamment parce que ce travail de contextualisation offre aux personnages des textures palpables, quelque chose d’organique qui rend leurs tourments concrets. D’autant qu’à la mise en images, le cinéaste Kazuya Shiraishi effectue un travail assez remarquable. Imposant tout d’abord un classicisme d’une grande rigidité, il le pirate peu à peu à mesure que les anxiétés de Yanagida s’éveillent. Suivant l’intériorité du protagoniste, l’image vire parfois vers des territoires expressionnistes et des décrochages esthétiques surprenants – décors très artificiels, mouvements de caméra sur-signifiants, filtres de couleur –, rendant le tout hautement plaisant à regarder.
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Réalisateur : Kazuya Shiraishi
Avec : Tsuyoshi Kusanagi, Kaya Kiyohara, Jun Kunimura, Takumi Saitoh
Pays : Japon
Durée : 2h10