RABIA
Jessica (Megan Northam, sans fausse note) quitte la France avec Laila, sa meilleure amie, pour rejoindre les rangs de Daesh en Syrie. Elle intègre une madafa, où les femmes attendent d’être mariées à des combattants. Elle espère être la seconde épouse de l’homme qui choisira Laila. Mais cette dernière s’en va sans elle et Jessica, désormais Rabia, frondeuse et indocile, doit trouver un nouveau but dans sa guerre. Pour son premier long-métrage, Mareike Engelhardt, dont les grands-parents, adolescents, avaient rejoint les jeunesses hitlériennes, cherche à comprendre comment on peut adhérer à des « idéologies meurtrières ». Un geste de cinéma et de citoyenne courageux, fruit d’un long travail de recherches – il n’y a pas d’image de madafa et c’est peut-être pour cela qu’elle est filmée dans une obscurité un peu pénible. En ressort un réalisme brutal, dans ce qu’elle montre de ces jeunes filles, joyeuses, solidaires, venues du monde entier abandonner toute autonomie. Rabia n’était pas préparée à être brisée par Madame (Lubna Azabal, terrifiante), maquerelle de cet « amalgame étrange entre prison, secte, maison close et auberge de jeunesse ». Humiliée chez elle en France, dans la madafa à Raqqa, en tant que femme, qu’amie, disciple et combattante, elle se reconstruit doucement dans la haine et c’est là qu’Engelhardt atteint son objectif : démontrer comment une structure sectaire se nourrit des blessures.
Partagez cette chronique sur :
Réalisateur : Mareike Engelhardt
Avec : Megan Northam, Lubna Azabal, Natacha Krief, Klara Wöedermann
Pays : France
Durée : 1h34