BORDER LINE

01/05/2024 - Par Emmanuelle Spadacenta
Deux Vénézuéliens vivant désormais en Espagne encapsulent avec une perfection inouïe l’angoisse du passage de la douane américaine.

Les autorités américaines ont un super-pouvoir : peut-être parce que le cinéma leur a créé une aura particulière ou que les faits divers policiers s’exportent facilement dans les journaux du monde entier, elles ont le don de nous terrifier et de transformer notre peur en culpabilité. Passer la douane aux États-Unis, c’est d’abord passer un mauvais moment. C’est évidemment pire quand on a « la mauvaise couleur de peau » ou qu’on vient « d’un pays de merde » ou d’Amérique du sud. BORDER LINE se déroule sous Trump mais de l’aveu-même de ses réalisateurs vénézuéliens, ce n’était pas bien mieux avant et ce n’est pas beaucoup mieux depuis. Dans leur film, Diego est vénézuélien lui aussi. Il vit à Barcelone avec sa compagne Elena, espagnole. Bientôt ils s’installeront aux États-Unis. Au contrôle de l’immigration, ils sont pris à part, priés d’attendre des agents qui ont des questions à leur poser. S’ensuit le récit d’un interrogatoire marathon, un contrôle sous la forme d’un abus de pouvoir comme le cinéma l’a beaucoup montré, mais rarement comme ça, avec un bureau et quatre chaises. Dans ce lieu confiné, ces quelques mètres carrés et ces personnages qui alternent entre anglais et espagnol, les deux réalisateurs détricotent le rêve américain, racontent l’humiliation d’y souscrire et offre une allégorie de l’impérialisme d’une intelligence absolue. 1h17 de cinéma précis et tendu. Et surtout politique.

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Sortie : 01/05/2024
Réalisateur : Juan Sebastián Vásquez, Alejandro Rojas
Avec : Alberto Ammann, Bruna Cusí, Ben Temple
Pays : Espagne
Durée : 1h17
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