VICE-VERSA 2

19/06/2024 - Par Renan Cros
Retour dans la tête de Riley pour un deuxième chaos rigolo des émotions. Si la mécanique ronronne un peu, la partie réaliste sur l’adolescence touche juste.

Pixar peut tout faire. Et VICE-VERSA premier du nom en a été la preuve éclatante : du cinéma d’animation comme le mélange parfait du concret et de l’abstrait en nous faisant vivre les aventures des émotions. Idée folle menée avec précision et une inventivité constante pour in fine aboutir à la belle idée que rien n’est si simple. Un plaidoyer malin pour la complexité des émotions et donc du cinéma, une ode à la mélancolie et aux sentiments contraires. Mais que raconter après ça ?

C’est tout le problème de ce VICE-VERSA 2. Une fois établi que Joie, Tristesse, Peur, Colère et Dégoût vivent en harmonie en se mélangeant allégrement, petite entreprise qui tourne vite et bien, il n’y a au fond rien de bien nouveau à raconter. Sauf à l’idée d’ouvrir le spectre des émotions via la grande inconnue : l’adolescence. La petite Riley devenue ado voit donc débarquer dans sa tête Anxiété, Envie, Embarras et Ennui, bien décidés à prendre le contrôle. Et comme toujours, Pixar sait y faire. Très cartoon, ces nouvelles émotions sont immédiatement attachantes, étonnantes avec leur lot de running gags (mention spéciale à Adèle Exarchopoulos en VO et en VF qui donne voix à un Ennui très french). Mais que peut-il bien se passer à l’intérieur de la tête de Riley ? La même chose que dans le volume 1. Une bataille des émotions qui prend la forme d’un voyage, ici pour retrouver l’estime de soi. Joie et sa bande, bien décidés à ne pas se laisser détrôner, partent dans les tréfonds de l’esprit de Riley. Et forcément, le déjà-vu n’est pas loin. Difficile de vraiment réinventer un concept déjà bien exploité dans le premier volet sans marcher sur ses propres traces. L’ami imaginaire disparu est ici remplacé par les goûts de l’enfance refoulés, la complexité des émotions par la découverte du déni… L’aventure déroule ensuite son programme attendu. Pas désagréable mais loin d’être inoubliable.

Heureusement, ce qui se passe dans le centre de contrôle de Riley est lui nettement plus dur et plus intéressant. Car à travers ces nouvelles émotions – et notamment Anxiété, petit personnage d’abord rigolo puis inquiétant – VICE-VERSA 2 trace le portrait d’une adolescence dure, soumise à la peur de l’abandon, l’envie d’être accepté, la crainte d’être démasqué. Tout le parcours de Riley, découvrant lors d’un séjour de hockey la violence et l’adrénaline de la compétition, propose ainsi un film étonnamment adulte. Une adolescence au féminin, racontée sans clichés, qui prend avec beaucoup de sérieux et de justesse les blessures que l’on se fait à cet âge. Joliment alors, le va-et-vient entre l’intérieur et l’extérieur fait écho aux zones d’ombres de chacun et raconte comment à force de nous faire des films dans la tête, on peut finir par se perdre en route. Une belle idée, forte, qui sauve le film et rappelle par instants la puissance émotionnelle et philosophique des meilleurs Pixar. Coincé entre sa nécessité d’être un grand divertissement pour toute la famille et son envie de grandir et d’affronter des sujets plus profonds, moins spectaculaires, VICE-VERSA 2 est comme son héroïne. Pas tout à fait abouti mais avec un bon fond.

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Sortie : 19.06.24
Réalisateur : Kelsey Mann
Avec : Amy Poehler, Maya Hawke, Ayo Edebiri, Adèle Exarchopoulos, Tony Hale
Pays : États-Unis
Durée : 1h36
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