THE LISTENER
Le soir, quand tout le monde quitte son travail, Beth débute le sien : elle officie pour une ligne d’assistance téléphonique. THE LISTENER met en place une mécanique proche de celle de LOCKE de Steven Knight, avec une unité de lieu (le foyer de Beth), de temps (une nuit) et à l’écran, un seul personnage. Au bout du fil, divers interlocuteurs dont on n’entendra que la voix : ex-taulard, fugueuse SDF, incel, jeune femme schizophrène, flic, professeure suicidaire, etc. incarnés par un casting de choix (Logan Marshall-Green, Alia Shawkat, Rebecca Hall…). Si THE LISTENER n’a pas l’impact hypnotique de LOCKE, il peut néanmoins compter sur la réalisation précise de Steve Buscemi, entre longs plans invitant patiemment le spectateur à entrer dans les discussions, découpage et mise en scène racontant habilement et discrètement les émotions de Beth. Sans compter Tessa Thompson dans une remarquable prestation, d’une douceur qui dissimule des trésors de subtilité et de mystères. Chaque discussion affirme sans le surligner une intention thématique et THE LISTENER se constitue alors progressivement en discours sociopolitique sur l’Amérique, en exploration de la solitude contemporaine et en portrait de sa protagoniste – celle-ci se révèle sans rebondissement putassier ou révélation tonitruante. Un tact dont émerge une jolie émotion finale. Le meilleur film de Buscemi depuis ANIMAL FACTORY.
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Réalisateur : Steve Buscemi
Avec : Tessa Thompson, Rebecca Hall, Alia Shawkat, Logan Marshall-Green
Pays : États-Unis
Durée : 1h36