SIMÓN DE LA MONTAÑA

Tout commence sur une montagne battue par des vents violents. Perdus, désemparés, des jeunes en situation de handicap cognitif se reposent sur l’un d’entre eux, Simón, pour les ramener en sécurité. Simón, ce héros ? Il n’est surtout pas comme les autres car Simón est valide et se fait passer pour l’un des leurs. Perversion ? Moquerie ? Manipulation ? La question se pose de prime abord dans ce premier long-métrage de Federico Luis. Et pourtant, avec son très réussi SIMÓN DE LA MONTAÑA, le jeune cinéaste argentin a tout autre à nous raconter que l’histoire d’un salaud. À travers cet étrange personnage replié sur lui-même, il repense la notion même de teen movie et suit cet ado en décalage avec tendresse, mais sans naïveté. Incapable de rentrer dans le schéma que l’on attend de lui, c’est auprès de ceux que l’on met à la marge, que l’on considère comme « différents », que Simón trouve son endroit. Des amis, un premier amour, un sens. Provocant, SIMÓN DE LA MONTAÑA l’est, mais il est surtout rare car il ose. À la fois poser les questions qui gênent, sur le désir et la norme, et regarder droit dans les yeux ceux que l’on préfère ignorer par commodité. Une audace qui aurait été impossible sans un casting parfait, à commencer par son Simón, joué par un Lorenzo Ferro (vu dans L’ANGE) aussi talentueux que promis à une belle carrière, et son acolyte Pehuén Pedie, au timing comique parfait.