ROQYA

15/05/2024 - Par Emmanuelle Spadacenta
La cité comme terrain d’une chasse aux sorcières. Toute la violence de l’époque condensée dans ce film fantastico-réaliste.

Tant que Nour fournit des animaux exotiques à des guérisseurs, on la respecte. Jusqu’au jour où on lui impute la mort d’un jeune homme. Nour aurait pactisé avec le Malin pour acquérir ses dons de sorcière. Comme un seul homme, la population se retourne contre elle. Après deux TYLER RAKE, blockbusters musclés dans lesquels elle était comme un poisson dans l’eau, Golshifteh Farahani, hautement crédible, assoit son statut de femme d’action avec cette fuite en avant sans répit. Toujours en mouvement, hors d’haleine, elle embarque le spectateur dans une course folle, inébranlable dans l’hystérie ambiante. Face à elle, dans la peau de l’ex toxique qui lui enlève son fils, Jérémy Ferrari assume son côté noir dans le drame, après l’avoir si bien exploité dans le one-man-show. Pour son premier long-métrage, Saïd Belktibia, membre de Kourtrajmé, excelle dans le choix du casting comme dans la direction d’acteurs ; il montre aussi une belle énergie de mise en scène et un certain don pour planter une atmosphère irrespirable. Mais surtout, il capte avec acuité ce qu’est un effet de meute, ce que le collectif fait à l’individu – notamment avec le concours des réseaux sociaux – et particulièrement aux femmes. ROQYA s’impose ainsi comme la photographie d’une époque sans merci. La brutalité du film n’est jamais gratuite mais pousse à réfléchir sur notre tolérance à la violence. Étonnant et perturbant.

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Sortie : 15/05/24
Réalisateur : Saïd Belktibia
Avec : Golshifteh Farahani, Jérémy Ferrari, Amine Zariouhi
Pays : France
Durée : 1h37
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