Cannes 2025 : REEDLAND
Voilà un film qui ne ressemble pas à son héros. Johan est fermier, il plante, fauche, ramasse, brûle, c’est un manuel, un faiseur. REEDLAND, lui, se refuse au concret. « La recherche d’une vérité factuelle, dit le réalisateur dans sa note d’intention, était un prétexte pour explorer une vérité plus complexe et profondément humaine, et l’occasion de réfléchir aux questions de culpabilité et d’innocence, de violence (masculine) et de xénophobie. » Lorsque Johan trouve un cadavre dans son champ, l’enquête policière – qui s’oriente vers une culpabilité d’une communauté « adverse » –, n’est pas si importante. Celle qu’il mène lui-même en parallèle non plus. Beaucoup de questions se posent sur sa personnalité. Agriculteur taiseux et sérieux d’abord, il voit son portrait se nuancer quand il se masturbe devant Internet, sa petite fille à l’étage. Johan est un homme comme un autre. Mais qui nous dit qu’il n’est pas un prédateur comme un autre ? Rien. Et rien non plus ne nous dira le contraire. Si Sven Bresser dirige particulièrement bien son comédien Gerrit Knobbe – dont le visage, impénétrable, laisse tout imaginer –, son film est tout en pistes avortées (dont celle d’une opposition entre les paysans hollandais et la politique de Bruxelles) et en mystère préfabriqué. Le film se contente de dialoguer avec le spectateur mais cet exercice de style dramaturgique et stylistique en oublie pour cela de lui raconter une histoire.
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Réalisateur : Sven Bresser
Avec : Gerrit Knobbe, Loïs Reinders
Pays : Pays-Bas / Belgique
Durée : 1h51