Cannes 2025 : PARTIR UN JOUR

13/05/2025 - Par Perrine Quennesson
PARTIR UN JOUR est une comédie charmante qui, si elle ne sonne pas toujours juste, s’avère particulièrement entraînante.

En 2023, Amélie Bonnin remportait rien de moins qu’un César pour son premier court-métrage, qui s’intitulait déjà PARTIR UN JOUR. En une vingtaine de minutes, elle racontait comment Julien (Bastien Bouillon), de passage dans sa Normandie natale, tombait sur Caroline (Juliette Armanet), son amour de jeunesse. Pour la version longue, la réalisatrice reprend les mêmes et recommence… ou presque. Cette fois, Caroline devient Cécile et c’est elle qui retourne en province, dans le relais routier familial, quand son père fait un infarctus, alors que, gagnante de « Top Chef », elle s’apprête à ouvrir un restaurant gastronomique sur Paris. Elle y croise non plus Julien mais Raphaël, qui lui n’a jamais bougé de la bourgade. Dans cette comédie romantique, un tantinet mélancolique et au charme évident, la réalisatrice souffle sur les braises des sentiments mal éteints. Avec une héroïne quadra, l’heure n’est pas tant à la passion qu’à la mise au point sur ce qui fut et ce qui ne sera pas. C’est un dernier check sur les portes entrouvertes du passé qui parfois font des courants d’air au présent et filent la grippe à l’avenir. Cécile est une transfuge de classe qui se trimballe la culpabilité et l’ingratitude qui vont avec, arborant ce statut tantôt comme un boulet, tantôt comme un étendard. Un rôle aussi touchant que grinçant dont s’empare, parfois avec excès, une Juliette Armanet impliquée dont c’est aussi le premier premier rôle. À l’avenant, l’ensemble du casting charme et exaspère parfois tant il est contraint de faire le grand écart entre la tendresse, la contrainte stylistique et le fond sociétal pas toujours subtil. Reste un Bastien Bouillon parfait, à la fois mal-à-l’aise et irrésistible, que l’on n’imaginait peut-être pas en love interest, mais que l’on ne souhaiterait presque plus voir autrement. Cependant, la particularité de PARTIR UN JOUR, court comme long, est d’être un film musical reprenant le principe du classique d’Alain Resnais, ON CONNAÎT LA CHANSON. Faisant cette fois-ci la part belle aux années 1990 et 2000 – malgré quelques détours chez Nougaro, Dalida et Cabrel – la réalisatrice use et abuse de tubes ultra-connus (dont celui des 2be3 qui donne son titre au long-métrage) qu’elle fait chanter à ses personnages comme autant de clins d’œil à un spectateur ravi d’avoir l’impression de parler le même language qu’eux – si tant est qu’il soit français, entre 25 et 60 ans. Cet exercice de style qui rentre parfois au chausse-pied donne cependant lieu à quelques scènes splendides – l’utilisation aussi poignante que douce-amère du Je suis de celles de Bénabar. Un premier long métrage qui, à l’instar d’une ville moyenne de province, ne fait pas de chichis, n’est pas parfaite, et dont l’apparente familiarité recèle quelques trésors.

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Sortie : 13.05.25
Réalisateur : Amélie Bonnin
Avec : Juliette Armanet, Bastien Bouillon, Tewfik Jallab, François Rollin
Pays : France
Durée : 1h38
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