LE DOSSIER MALDOROR

15/01/2025 - Par Emmanuelle Spadacenta
Retour sur l’affaire Dutroux, avec le réalisme de l’époque et des lieux mais la distance de la fiction. Un gros morceau de cinéma.

Beaucoup plus jeune que le gendarme dont son personnage s’inspire, Anthony Bajon incarne, dans le film mais aussi dans le cinéma français, l’innocence, le courage, la curiosité et l’intrépidité qui sauvent les milieux trop fermés de leurs propres certitudes. Probablement l’acteur le plus intéressant de sa génération, il joue dans LE DOSSIER MALDOROR celui qui enquêtera, parfois au mépris des ordres, sur « l’affaire Dutroux » et permettra à la France et à la Belgique d’en mesurer l’ampleur. Une obsession qui lui coûtera tout – cette naïveté piétinée illustrant minutieusement comment la société fut frappée par ce fait divers et en fut à jamais transformée. Fabrice Du Welz prend des libertés avec la réalité, jamais pour spectaculariser cette sordide histoire mais plutôt pour l’amener sur un terrain jumelant les cinémas de Coppola et de Peckinpah – le tout restant quand même très belge et tirant parfois vers le poliziottesco. Avec son grain de pellicule et sa séquence-monstre de mariage, LE DOSSIER MALDOROR emprunte au cinéma des années 70 son goût pour les longues expositions, sa préférence pour l’atmosphère et le quotidien plutôt que pour les rebondissements. Le film est un peu moins réussi, plus caricatural, lorsqu’il s’attache à dépeindre les criminels, mais tout ce qui relève de la psychologie de l’enquête ou du portrait d’une police sans moyens est absolument prodigieux.

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Sortie : 15.01.25
Réalisateur : Fabrice Du Welz
Avec : Anthony Bajon, Alexis Manenti, Alba Gaia Bellugi, Sergi Lopez
Pays : Belgique / France
Durée : 2h35
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