L’AMOUR C’EST SURCOTÉ

22/04/2025 - Par Renan Cros
Peut-on s’aimer même quand tout est nul ? Une romcom qui décape, menée avec grâce par Hakim Jemili et Laura Felpin. Étonnant.

Attention, âmes sensibles s’abstenir. La phrase paraît rigolarde mais chez Mourad Winter, elle a un double sens. Le romancier et réalisateur pratique un humour pyromane à s’en décrocher la mâchoire. Ça tape sur tout, partout, avec un mauvais esprit ravageur qui surprend dans une comédie romantique. C’est l’équation étonnante de ce premier film maîtrisé : faire cohabiter les papillons dans le ventre avec l’époque. Pas simple. Dans les pas d’Anis, gentil gars malhabile, Mourad Winter raconte la mise à distance des émotions par la tchatche, la vanne comme vitre de protection. Mais quand Madeleine entre dans sa vie, tout vole en éclats. Joliment, par petites touches, le film utilise le canevas de la romcom pour au fond parler de dépression et de deuil. Le monde est nul et c’est tout le trajet du film de faire la paix avec ça. Élégant et rentre-dedans, le film a quelque chose des comédies à l’anglaise avec son humour heurté, ses seconds rôles improbables (Benjamin Tranié, génial en meilleur pote idiot) et son gros fond de mélancolie. Face à Hakim Jemili, Droopy parfait, Laura Felpin s’impose comme une actrice passionnante, d’une justesse à toute épreuve. Elle s’empare de la comédie et du drame avec une modernité, un sens du rythme et une présence qui vont parfaitement au ton singulier du film. Regarder ces deux-là se chamailler, se draguer et parfois même se rater, c’est déjà se sentir au cinéma.

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Sortie : 23.04.25
Réalisateur : Mourad Winter
Avec : Laura Felpin, Hakim Jemili, Benjamin Tranié, Steve Tientcheu
Pays : France
Durée : 1h38
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