JARDIN D’ÉTÉ
« Je pense tout le temps aux morts et à ce que ça doit faire de mourir », dit un des trois garçons de JARDIN D’ÉTÉ. Comme déjà constaté dans TYPHOON CLUB et DÉMÉNAGEMENT, les jeunes chez Shinji Somai ne vont jamais très bien. Kawabe, Yamashita et Kiyama, une dizaine d’années, se mettent à espionner un vieil homme, espérant un jour le découvrir décédé. De filatures en confrontations, le trio et l’aîné finissent par s’apprivoiser, les enfants allant jusqu’à remettre son jardin en état. Récit classique du rapprochement de générations qui, au départ, n’ont guère en commun, JARDIN D’ÉTÉ ressuscite à l’écran le sentiment-même d’être un enfant. Cet âge où un simple jardin promet la grande aventure, où le cœur exacerbe chaque émotion, où une tranche de pastèque sous un orage d’été constitue le plus formidable des repas, où l’on se raconte de grandes histoires pour enjoliver nos peines. Et Somai de baigner ses personnages dans un déluge de couleurs vives et un soleil presque irréel, mais sans faire dériver JARDIN D’ÉTÉ vers la fable ni dissimuler la dure réalité de l’existence. Ainsi, à mesure que le vieux se dévoile, le passé douloureux du Japon s’invite dans le récit, observé et confronté par les enfants avec cette même candeur résiliente « qui pourrait rendre le monde heureux ». Leur joie ravit, leur chagrin dévaste. Et le temps passe. Encore un grand film du regretté Shinji Somai.
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Réalisateur : Shinji Somai
Avec : Naoki Sakata, Yasutaka Oh, Kenichi Makino, Rentaro Mikuni
Pays : Japon
Durée : 1h53