Cannes 2025 : MÉTÉORS
En 2017, Hubert Charuel nous avait laissés abasourdis et curieux de ce qu’allait être la suite de sa carrière après son PETIT PAYSAN, thriller rural, aussi psychologique que dramatique. Huit ans plus tard, il revient enfin au long-métrage avec MÉTÉORS. Malheureusement, les attentes sont un peu déçues. Quittant ce monde agricole qu’il connaissait si bien pour y avoir grandi, il se lance dans une histoire de dépendance, dans tous les sens du terme, qui ne convainc pas complètement. Et pourtant tout commence bien. À St Dizier (qui a décidément la côte puisque la ville est aussi au cœur de DOSSIER 137), en pleine diagonale du vide, trois amis d’enfance font un bowling. Tony s’est imposé dans le monde du BTP quand Mika et Dan ont, eux, stagné. D’ailleurs, une fois la soirée terminée, à la fois éméchés et un peu défoncés, et sous l’impulsion de Dan, ils décident de kidnapper un chat de concours pour se faire de l’argent. Il faut dire qu’ils sont constamment en dèche. Ça n’a pas l’air comme ça, mais c’est drôle. Comme une blague d’ado pataude, un plan branque, mais en plus triste car ils n’ont plus l’âge de ces conneries. Arrêtés et assignés à comparaître, ils ont désormais 6 mois pour trouver du travail et remettre leur vie en ordre afin d’espérer une peine moins sévère au procès. Le film change alors de ton. Fini la gaudriole, on explore les dynamiques qui meuvent ce trio, et en particulier celles du duo Mika et Dan, entre addiction, toxicité des relations et dépression, sur fond de déterminisme social. MÉTÉORS ouvre les métaphores à foison et tourne en rond dans cette galère de la misère. Comme s’il n’avait plus rien à dire après sa première demi-heure, Hubert Charuel répète à l’envi les motifs et les séquences, enfermant peu à peu ses personnages dans des clichés, pas toujours heureux d’ailleurs. Et ce qui agace le plus, c’est que ce scénario poussif s’inscrit dans un décor parfaitement bien traité, où il fait du béton des tours, de la rase campagne désespérément grise et des poubelles nucléaires alentours un environnement passionnant et prenant, à la fois oppressant et mortifère, à la limite du fantastique. Une atmosphère réussie habitée par trois acteurs de talent, Paul Kircher, Idir Azougli et Salif Cissé, qui, malgré l’unidimensionnalité de leurs personnages, leur donnent vie avec conviction. C’est alors d’autant plus dommage que le récit, lui, ne suive pas.
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Réalisateur : Hubert Charuel
Avec : Paul Kircher, Idir Azougli, Salif Cissé, Stéphane Rideau
Pays : France
Durée : 1h50