Cannes 2025 : LA MORT N’EXISTE PAS
Ce qui saisit immédiatement dans les films du Québécois Félix Dufour-Laperrière, c’est leur animation épurée, les traits fins des personnages et des décors, la palette de couleurs limitée, comme pour aller à l’essentiel. Dans LA MORT N’EXISTE PAS, c’est peut-être encore plus prégnant tant le camaïeu de vert et de doré déploie des trésors de nuances, sans jamais chercher l’esbroufe. Comme dans ses deux précédents longs-métrages, VILLE NEUVE et ARCHIPEL, le cinéaste nous embarque ici dans une réflexion aussi bien politique que poétique où un groupe de jeunes militants se lance dans un attentat contre de riches propriétaires. Pour faire bouger les lignes. Pour provoquer un sursaut, quelque chose, dans ce monde sclérosé par un immobilisme qui détermine des castes dont on ne semble plus pouvoir sortir. Hélène fait partie de ce commando. Mais au moment de l’assaut, elle se fige. Incapable d’avancer, elle observe de loin ses compagnons se faire massacrer. Eux aussi l’ont vu se défiler. Elle s’enfuit alors dans la forêt. Avec LA MORT N’EXISTE PAS, le cinéaste reprend une réflexion qu’il avait déjà un peu initiée dans VILLE NEUVE où il croisait, sur fond de référendums au Québec, les luttes collectives et les désirs individuels. Ici, il questionne l’engagement. À qui le doit-on ? Jusqu’où doit-on aller ? Dans quel but ? Et pour quelles conséquences ? Autant de réflexions auxquelles Hélène se confronte en errant dans les bois, accompagnée du fantôme de son amie Manon qui la pousse dans ses retranchements. Le réalisateur prend le pouls d’une jeunesse en colère, interroge la légitimité de la violence et le besoin de radicalité dans ce film aux symbolismes constants, aussi anxieux qu’admiratif. Cependant, c’est peut-être aussi sa limite. Après une séquence d’ouverture captivante et glaçante, LA MORT N’EXISTE PAS s’embarque dans des tergiversations, parfois rébarbatives, mais surtout étirées, au risque de perdre l’attention d’un spectateur submergé. Reste que les questions que le film pose n’en finissent pas de résonner avec l’époque.
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Réalisateur : Félix Dufour-Laperrière
Avec : Zeneb Blanchet, Karelle Tremblay, Mattis Savard-Verhoeven
Pays : Canada / France
Durée : 1h12