Cannes 2025 : INDOMPTABLES
Avec son compère Fabrice Éboué notamment, Thomas Ngijol a beaucoup demandé au public d’interroger son regard sur l’Afrique dans des comédies kamikazes, jouant sur la caricature, les préjugés et le décalage. L’exercice est tout autre ici, ce qui peut dans un premier temps décontenancer. Car ce n’est pas comme si Ngijol avait, dans un geste radical, tourné le dos à la comédie et décidé de « faire son TCHAO PANTIN ». INDOMPTABLES est drôle de son personnage principal, incarné par Ngijol, jamais content, tout le temps agacé, aussi intransigeant avec lui-même qu’avec ses collègues ou ses enfants. Il joue le commissaire Billong, de Yaoundé, enquêteur principal du meurtre d’un agent de police. Dans ses gesticulations et ses réflexions, il pourrait être le héros d’un épisode de STRIPTEASE, de ces personnages qui voudraient vivre dans un monde différent du leur, excédé par la normalité autour. En répétant « Ce pays, là… », il râle et maudit certes, mais Ngijol finit par jouer ce mantra comme un enfant déçu par tout ce gâchis. Le comique du personnage se tord alors en tristesse, et le polar se teinte de désespoir, d’un portrait social effrayant et sans appel. On pense beaucoup à MEMORIES OF MURDER devant INDOMPTABLES quand le pathétique rejoint l’héroïsme, quand le constat d’échec est trop dur et que même les grands gaillards abdiquent. Pas un film drôle, mais un drôle de film.
Partagez cette chronique sur :

Réalisateur : Thomas Ngijol
Avec : Thomas Ngijol, Danilo Melande, Bienvenue Mvoe, Thérèse Ngono
Pays : France
Durée : 1h21