Cannes 2024 : FLOW

30/10/2024 - Par Perrine Quennesson
Après son long métrage AILLEURS en 2020, réalisé en solo, le cinéaste letton Gints Zilbalodis revient avec une ambition décuplée.

Si son premier long métrage d’animation, AILLEURS, qu’il a réalisé entièrement tout seul (!), était, en quelque sorte, une version longue de son court métrage OASIS, FLOW est, lui, le prolongement de son tout premier AQUA. Mais surtout, il est la retranscription du parcours personnel de son réalisateur Gints Zilbalodis. FLOW suit l’histoire d’un (a-do-ra-ble) petit chat noir solitaire surpris par une soudaine montée des eaux. Dans un lieu imaginaire, dont l’humain est absent mais où il a laissé son empreinte par l’architecture, les moyens de locomotion et l’art, le chaton tente de survivre. Bien malgré lui, il se retrouve embarqué dans un bateau aux côtés d’autres bêtes perdues comme lui : un chien, un oiseau, un capybara et un lémurien. Le félin anachorète doit apprendre à faire équipe. Vous l’aurez compris : le petit chat, c’est Gints. Habitué à travailler seul, un peu fermé au monde qui l’entoure, le réalisateur letton a dû, au moment de la sortie de son premier film, apprendre à communiquer, à se tourner vers les autres. Ce chemin d’ouverture s’est intensifié lorsqu’il a réalisé FLOW avec, cette fois-ci, toute une équipe à diriger. Et ce parcours, il le retranscrit avec une délicatesse certaine dans ce film en 3D entièrement muet. Ses héros poilus, animés avec fluidité et la précision d’un éthologue fasciné par le langage animal, semblent plus vrais que nature et imposent le regard attentif et émotionnel du spectateur. Même si Gints Zilbalodis évite les tentations anthropomorphiques, on ne peut s’empêcher de projeter sur ces petites bêtes, toute une série d’émois qui nous traverse. Le cinéaste letton déploie une animation qui déplace l’attention des dialogues ou de la narration, vers l’abstraction, le ressenti ; vers ce qui reste quand les mots ne sont plus suffisants. La musique (qu’il a co-composée) y est pour quelque chose : avec ses nappes flottantes, sans orchestre, presque vrombissantes, elle est le pendant parfait des mouvements d’une caméra hyper fluide et active, inspirée autant du jeu vidéo que de l’animation japonaise. Un deuxième film sensoriel et poignant sur l’apprentissage du collectif. 

Partagez cette chronique sur :
Sortie : 30.10.24
Réalisateur : Gints Zilbalodis
Pays : Lettonie / Belgique / France
Durée : 1h25
Partagez cette chronique sur :

Découvrez nos abonnements

En formule 1 an ou en formule 6 mois, recevez Cinemateaser chez vous !