Cannes 2025 : SPLITSVILLE

19/05/2025 - Par Aurélien Allin
En dépit d’une baisse de rythme à ses deux tiers, SPLITSVILLE est peut-être la meilleure comédie des Farrelly que les Farrelly n’ont pas réalisée.

Avec leur premier long-métrage, THE CLIMB, Michael Covino et Kyle Marvin avaient écrit, réalisé et interprété une sorte d’idéal de comédie où le rire se trouvait constamment nourri par la mise en scène et le mécanisme du plan-séquence. À mi-chemin entre le cinéma d’auteur européen et la grosse gaudriole américaine, le duo l’est toujours avec son deuxième film, SPLITSVILLE. Ils nous propulsent même en terrain connu puisqu’il est encore affaire ici de deux amis à l’amitié toxique, de coucherie et de conséquences. Carey (Kyle Marvin) est un gentil gars, romantique et un peu passif, ce qui finit par agacer sa femme Ashley (Adria Arjona) qui, en quête d’aventure(s), demande le divorce. Se réfugiant chez son pote Paul (Michael Covino) et son épouse Julie (Dakota Johnson), Carey apprend que le secret de leur couple est simple : leur relation est « ouverte » à d’autres partenaires… De là Covino et Marvin déroulent leur univers chaotique où les bonnes intentions de l’un et le cynisme de l’autre agissent comme une bombe à retardement. Avec ses personnages et ses thématiques similaires à THE CLIMB, SPLITSVILLE a l’air d’un auto remake – à la manière d’un James Cameron lorsqu’il fait de TERMINATOR 2 une version boostée aux hormones du premier. Ils ajoutent toutefois un élément non négligeable : les personnages féminins ont ici une place plus « jouante » dans l’intrigue – quand Marissa, campée par l’excellente Gayle Rankin dans THE CLIMB, restait la « proie » des atermoiements de son fiancé et de la jalousie du pote de celui-ci. Ils élargissent ainsi leur univers au-delà de la bromance et l’enrichissent d’un point de vue supplémentaire sur les limites à imposer dans toute relation – amicale, amoureuse, sexuelle. Dans cette chronique du couple et de ses aléas, SPLITSVILLE assoit encore un peu plus Michael Covino et Kyle Marvin comme de grands noms d’un type de comédie où se côtoient artisanat et sophistication. Extrêmement vif, SPLITSVILLE se déroule à cent à l’heure, avec mille idées à la minute, des plus énormes (la première scène mêlant masturbation et sécurité routière ; une histoire de poissons rouges et de grand huit ; une baston absolument légendaire entre les deux amis) aux plus subtiles, chaque scène recelant de détails hilarants (une inflexion de voix, un regard, un mot bien placé, un « needle drop » cocasse, une rupture de ton). Une vivacité et une richesse qui ont toutefois une limite : aux deux tiers, SPLITSVILLE connaît une inflexion de rythme, comme si les deux auteurs, partis en trombe, devaient reprendre leur souffle pour gérer un récit qui se fait alors un peu plus sérieux, acide et mélancolique. Rien qui ne vienne toutefois totalement entacher la démarche touchante de ces deux garçons capables de raconter de jolies vérités et de beaux sentiments avec une bonne dose de bêtise.

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Sortie : Prochainement
Réalisateur : Michael Covino
Avec : Kyle Marvin, Michael Covino, Dakota Johnson, Adria Arjona
Pays : États-Unis
Durée : 1h40
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