Cannes 2025 : QUI BRILLE AU COMBAT

15/05/2025 - Par Perrine Quennesson
Avec son premier long-métrage, Joséphine Japy s’empare de son histoire personnelle pour un film sensible, à l’équilibre néanmoins trop fragile.

Il est monnaie courante, lorsqu’un·e cinéaste réalise son premier long, que celui-ci se base sur sa propre expérience. Après tout, ne dit-on pas qu’il faut écrire sur ce que l’on connaît ? Alors quoi de mieux que de commencer par soi ? Savoir si l’on se connaît vraiment est un autre débat. Pour son galop d’essai de réalisatrice, la comédienne Joséphine Japy, que l’on a croisée notamment dans le très chouette MON INCONNUE d’Hugo Gélin ou plus récemment dans la série TAPIE, a bien retenu la leçon et s’inspire de son adolescence auprès de sa sœur atteinte d’une « maladie génétique rare qui conduit à un comportement autistique » – comme elle le décrit elle-même. Dans QUI BRILLE AU COMBAT, on suit Marion, 17 ans tout juste, qui vit avec ses parents sur la Côte d’Azur, aux côtés de sa sœur, Bertille, 15 ans, en situation de handicap cognitif. La réalisatrice, que l’on reconnaît évidemment en Marion, raconte un moment clé de cette histoire familiale où l’on essaie de savoir de quoi Bertille souffre exactement et si cela lui sera fatal. Une angoisse permanente accompagne donc ce centre de gravité imposé par la fatalité et le film observe comment chaque membre de la famille tente de modifier son orbite pour trouver sa place ou, juste, un espace à soi. Jolie idée qui pèche cependant par une écriture un peu verte, un peu scolaire, qui tente par tous les moyens de tout observer, de tout résoudre, de tout traiter, aussi bien le mal-être de Marion, que l’épuisement de la mère et la honte du père, tous unis par une sensation de solitude qui pourtant les isole les uns des autres. Le film manque d’un angle fort et, à force de courir autant de lièvres à la fois, n’en attrape aucun vraiment et rate le train de l’émotion. On pense évidemment à LA GUERRE EST DÉCLARÉE, à la fois pour le titre combatif et pour cette manière de sublimer le réel et sa violence par la fiction. Mais, à contrario du long-métrage de Valérie Donzelli, qui laissait la part belle à la fantaisie, QUI BRILLE AU COMBAT reste accroché au réel, avec un sosie non-officiel de Joséphine Japy (Angelina Woreth) pour jouer Marion et une sœur de cinéma qui porte le même prénom (dont le titre est aussi la signification) et dont le handicap est le même que la vraie. Et c’est peut-être ce manque de distance qui l’empêche de viser juste.

Partagez cette chronique sur :
Sortie : Prochainement
Réalisateur : Joséphine Japy
Avec : Angelina Woreth, Mélanie Laurent, Pierre-Yves Cardinal, Sarah Pachoud
Pays : France
Durée : 1h36
Partagez cette chronique sur :

Découvrez nos abonnements

En formule 1 an ou en formule 6 mois, recevez Cinemateaser chez vous !