ZION
Pointe-à-Pitre. Chris retrouve sur le pas de sa porte, un bébé dans un sac. Le sien. Sa vie dissolue – il deale du crack, enchaîne les conquêtes, est livreur pour des gros bonnets – n’est pas compatible avec un enfant. Entre deux activités dangereuses, il tente de retrouver la mère du petit. C’est un pitch qui évoque le PRINCE OF BROADWAY de Sean Baker mais la comparaison s’arrête là. ZION, le premier long-métrage de Nelson Foix, affiche des qualités esthétiques qui n’ont rien à voir avec le cinéma DV et vérité du réalisateur américain. Ici, on cadre au millimètre, pour souligner les contrastes entre la Guadeloupe de l’imaginaire – idyllique, ensoleillée – et la Guadeloupe que vivent les Guadeloupéens au quotidien – rude, délaissée par les pouvoirs publics. Au détour d’une scène, c’est « la vie chère » que le film dénonce. Plus directement, la répression disproportionnée des manifestations. Toujours dans l’esthétisation mais jamais dans la fétichisation. Conscient du pouvoir cinématographique de la culture et des traditions antillaises, et de son originalité dans un panel de films français particulièrement métropolitains, Nelson Foix évite l’écueil de la carte postale pour un portrait authentique sans concession de la vie sur l’île. Surtout, il concentre ses forces à raconter son anti-héros, ses batailles, sa fuite en avant et tout ce qui fait de lui aussi un gangster de circonstances.
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Réalisateur : Nelson Foix
Avec : Sloan Decombes, Philippe Calodat, Zebrist, Axelle Delisle
Pays : France
Durée : 1h39