TYPHOON CLUB

Après le splendide DÉMÉNAGEMENT l’été dernier, le distributeur Survivance continue de porter la bonne parole en rendant visible l’œuvre d’un immense cinéaste ici méconnu : Shinji Somai, décédé en 2001. Tout comme dans DÉMÉNAGEMENT, Somai se penche dans TYPHOON CLUB sur les affres du jeune âge et suit des adolescents d’une région rurale, alors qu’un typhon approche et que toute activité s’interrompt. En jouant avec malice d’un récit chapitré égrénant les jours puis les heures avant l’arrivée de la pluie, Somai crée une tension diffuse où la météo s’impose comme la métaphore de la tempête d’émotions qu’est la puberté. Délaissés par leurs parents, perdus face à ce que le monde pourrait bien leur offrir, effrayés de devenir leurs aînés, assaillis par leurs hormones qui les poussent aux comportements les plus erratiques, mélancoliques voire condamnables, les jeunes de TYPHOON CLUB apparaissent dans toutes leurs douleurs et la profondeur de leur malaise, sans jamais que le regard de Somai ne vienne les juger. Le cinéaste, qui manie encore son arme préférée, le plan-séquence, observe au contraire ses personnages avec une immense bienveillance et, avec ses cadrages affûtés, sait capter en une image les sentiments contraires qui les animent – notamment lors d’une fête improvisée au gymnase où cohabitent insouciance et inquiétude. Un authentique chef-d’œuvre, à découvrir dans une superbe restauration.