THE THINGS YOU KILL

Les réalisateurs iraniens manient le fantastique avec habileté et non seulement en modernisent-ils radicalement un cinéma de tradition réaliste mais ils apportent également la possibilité d’une échappée à un imaginaire contraint par les mœurs et la religion. Après LES OMBRES PERSANES et ses improbables doppelgangers (Mani Haghighi, 2023), THE THINGS YOU KILL ose à mi-parcours un volte-face à la LOST HIGHWAY pour s’en prendre furieusement aux mécanismes du patriarcat. La charge est d’ailleurs si violente que les autorités iraniennes ont voulu censurer certains passages du film, forçant Alireza Khatami à délocaliser son récit en Turquie – ça n’altère jamais la portée du propos. Ainsi suit-il Ali, professeur de lettres, de retour dans son pays après avoir vécu aux États-Unis. Face à un père brutal sans grande compassion, Ali s’occupe de sa mère malade. Quand celle-ci décède, il le soupçonne de l’avoir tuée, d’autant qu’il apprend de ses sœurs qu’en son absence, il avait eu les coups faciles. Il en parle à Reza, cet homme embauché pour s’occuper du jardin qu’il a acheté loin de la ville, un mystérieux vagabond, qui a débarqué au cœur de l’histoire dans un plan à la technique fascinante – que ne renieraient ni Christopher Nolan ni Robert Zemeckis. Des moments de cinéma machiavéliques, le film en est truffé, soutenant la puissance politique du message par celle des images. De la grande mise en scène du début à la fin.