THE RETURN, LE RETOUR D’ULYSSE
« Les gens aiment les histoires », assure un Ulysse incognito à de jeunes grecs qui racontent au coin du feu ses exploits. Bien qu’ancrés dans un contexte très spécifique qui n’exclut ni le merveilleux ni le fantastique, les récits mythologiques captent la condition humaine avec une intemporalité et une universalité jamais contredites. Ainsi le cinéaste Uberto Pasolini délaisse l’Angleterre et le doux socioréalisme de ses deux précédents films, UNE BELLE FIN et UN ENDROIT COMME UN AUTRE, pour se projeter dans la Grèce antique de Homère, alors qu’Ulysse a enfin retrouvé le chemin d’Ithaque. Sa femme Pénélope l’attend, défait le soir le linceul qu’elle a tissé le jour, faisant ainsi patienter ses agressifs et nombreux prétendants. De son dénuement volontaire – la terre est aride, les décors dépouillés –, THE RETURN tire une certaine force d’évocation et, capté avec ampleur (le château en grand angle, les portraits ultra définis en gros plan), l’univers s’impose crédible et organique. Si bien que Pasolini n’a que peu d’effort à faire pour imposer son film en portrait cinglant de la masculinité et de la folie sanguinaire qu’elle entraîne – « Pourquoi les hommes vont-ils à la guerre, violent et massacrent femmes et enfants ? » s’insurge Pénélope, incarnée avec noblesse par Juliette Binoche. Les regards silencieux et tourmentés d’un Ralph Fiennes sculpté dans le marbre font le reste.
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Réalisateur : Uberto Pasolini
Avec : Ralph Fiennes, Juliette Binoche, Marwan Kenzari, Charlie Plummer
Pays : Royaume-Uni / Italie
Durée : 1h56