SUPER HAPPY FOREVER
Certains films, parce qu’ils se révèlent difficiles à apprivoiser, se méritent. SUPER HAPPY FOREVER, ainsi, se fait tout d’abord fuyant. Incapable de nouer le contact avec son spectateur. Mais sans doute ne souhaite-t-il pas le faire, car il est à l’image de son protagoniste Sano qui, dans une station balnéaire, est à la recherche presque maladive d’une casquette rouge, qu’il dit avoir perdue cinq ans auparavant, lors de son précédent séjour. Sano erre, s’en prend à son ami et au séminaire de développement personnel qu’il suit. Sano ne sera jamais « super heureux pour toujours ». Avec cette première partie, Kohei Igarashi sculpte un récit apathique, presque fragile d’être si distant, mais résolument intrigant. Difficile de savoir pourquoi l’on s’accroche. Peut-être est-ce dû à ce personnage, à sa froideur et à sa colère sourde dont émane une grande mélancolie. Puis SUPER HAPPY FOREVER bascule : par un mouvement de caméra, il rembobine le temps et revient cinq ans en arrière pour s’intéresser à Nagi, jeune femme qui, par un concours de circonstances, rencontre Sano. Ils passent la journée ensemble, puis la soirée et le film de se faire doux, lumineux, miroir en négatif de la première partie. Presque construit comme un palindrome, SUPER HAPPY FOREVER multiplie les échos dans le temps pour mieux sonder le bonheur qui s’est joué et la tristesse qui a triomphé. L’émotion, alors, émerge enfin.
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De : Kohei Igarashi
Avec : Hiroki Sano, Nairu Yamamoto, Miyata Yoshinori, Hoang Nh Quynh
Pays : Japon
Durée : 1h34