SOUNDTRACK TO A COUP D’ÉTAT
Au centre de SOUNDTRACK TO A COUP D’ÉTAT figurent deux sujets passionnants : l’assassinat en 1961 du Premier ministre congolais Patrice Lumumba et l’impact de la musique, en particulier le jazz, dans la lutte politique. Grâce à une multitude de sources (archives, extraits de journaux ou de livres servant de cartons) convoquées dans un montage étourdissant de vivacité faisant office de centrifugeuse, le documentaire embrasse une forme free jazz, libre de toute linéarité et de didactisme, faite de répétitions, d’improvisations, de détours et retours. Et comme le free jazz, c’est à la fois bluffant d’audace et de folie, jusqu’à ce que ça finisse par être légèrement éreintant. Car dans ce vortex tourbillonnant d’images et de sons que propose le réalisateur Johan Grimonprez, ses sujets finissent légèrement maltraités, prisonniers d’un trop-plein d’infos, de faits, de personnages, de thèmes secondaires et d’une durée homérique paradoxalement aussi complaisante qu’insuffisante. Certains sujets périphériques apparaissent inutilement étirés quand d’autres centraux sont survolés, traités avec trop peu de pédagogie. Si bien que même le pan musical, aussi cool et pertinent soit-il, apparaît par moments comme imposé au chausse-pied. L’entreprise globale est certes impressionnante, souvent captivante. Le propos fort et important. Mais le tout souffre d’être ivre de sa propre virtuosité.
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De : Johan Grimonprez
Pays : Belgique
Durée : 2h30