SONS

Sur les traces de THE GUILTY, high concept dans lequel un agent de Police Secours tentait de sauver la victime d’un kidnapping par téléphone interposé, SONS s’en tient à un seul lieu : une prison. Celle où travaille Eva, gardienne bienveillante avec les détenus, qui leur dit poliment bonjour et les initie au yoga et à la cohérence cardiaque. Cette positivité va soudain s’effondrer quand débarque Mikkel, un nouveau prisonnier. Elle le traque, jusqu’au quartier de haute sécurité. Pour se rapprocher de lui, elle demande sa mutation. Il va falloir qu’elle muscle son jeu, qu’elle montre patte blanche auprès de gardiens plus vigoureux et athlétiques qu’elle. Qu’elle se confronte à des taulards beaucoup moins sympas, y compris ce Mikkel avec qui c’est clairement personnel.

Étude psychologique comme seul le cinéma scandinave, humaniste mais sec comme un coup de trique, sait les écrire, SONS va aller chercher au fin fond de la psyché d’une femme ce qui peut la pousser au-delà de la moralité. Des « fils » du titre, on déduit son statut de mère, qui va étriquer sa féminité jusqu’à l’état animal. Qu’est-ce qui pousse un agent d’une droiture incontestable à la cruauté ? Qu’est-ce qui sépare l’Homme du barbare ? Par le prisme du film de genre, et plus particulièrement du très codifié « film de prison », Gustav Möller détricote les dynamiques de pouvoir, non seulement dans le microcosme carcéral, mais aussi en société et en famille. Avec ce format 1:37 qui agit comme des œillères, SONS se déploie en tension, en poussant ses personnages au bout d’eux-mêmes, emprisonnés par les lieux et par leur destin. Idée géniale d’un metteur en scène qui se joue des limites, le face-à-face entre Eva et Mikkel explose hors les murs, à travers la violence infligée par un fils à sa mère. Un film diaboliquement précis, qui assoit Möller comme le nouveau cerveau du cinéma danois.