REBUILDING

De grands incendies ont ravagé sa ferme : Dusty doit, comme tous ces Américains qui ont connu des crises depuis des siècles, décider s’il reste ou s’il part pour tout recommencer. Une cousine, dans le Montana, pourrait lui donner du boulot, mais Dusty, séparé de sa femme, s’éloignerait ainsi de Callie-Rose, sa fille. En attendant, une cellule de crise gouvernementale lui a trouvé du travail sur un chantier routier, un poste « qui ne lui ressemble pas », et un mobile-home au sein d’une communauté de sinistrés. Barbecues en plein désert, plats qu’on partage, confidences au coin du feu : il apprend à connaître ses voisins dont il ignorait l’existence et par la force des choses, noue quelque chose avec sa fille que seule la promiscuité permet. Le regard de Max Walker-Silverman sur l’Amérique rurale qui l’a vu naître, à cheval entre ceux de Chloe Zhao (THE RIDER) et Debra Granik (LEAVE NO TRACE) est plein de bienveillance : s’en dégage un fort sentiment d’appartenance et un autre temps, un autre rythme jamais dicté par le monde extérieur. Et pourtant, il existe : c’est celui qui ravage des forêts ou provoque de grandes inondations. Alors la bienveillance se mâtine de nostalgie et de mélancolie, comme si la beauté des décors américains était vouée à ne devenir qu’un souvenir – et des images désuètes de cinéma. Écolo, ce western incarné par un cowboy paumé (Josh O’Connor, à l’aise dans la peau du rancher inquiet) interroge la fin d’un monde.