RAPIDE
Il va bien falloir que la France ramène ses jeunes au cinéma au lieu de laisser le monopole de leur curiosité aux plateformes. C’est ce que semble dire Universal lorsque le studio produit RAPIDE, le nouveau long-métrage de Morgan S. Dalibert, ancien chef opérateur des deux premiers BALLE PERDUE (Netflix), devenu réalisateur avec AKA (Netflix encore). Mais la modernité de sa mise en scène et la nervosité de son montage peuvent-ils suffire ? Non. Écrire un film d’empowerment, un personnage d’action féminin, tout juste âgée de 20 ans, et l’offrir à une influenceuse, Paola Locatelli, pourraient éventuellement aider. S’adressant à un public jeune et, en même temps, à tous les spectateurs capables d’apprécier le savoir-faire derrière des prises de vue réelles sur circuit, RAPIDE séduit parce qu’il ne prend jamais son public pour un con, peu importe l’âge qu’il a. À bonne école auprès de Guillaume Pierret, Dalibert filme en vrai, chorégraphie, crashe, au plus près de la gomme et des carlingues des Formule 3 de son histoire. Si bien qu’aussi extraordinaire soit-elle, on y croit, à cette histoire. Celle de Max, une petite fille championne de karting, qui suit la meilleure formation de pilotage pour peut-être devenir l’une des très rares femmes à intégrer la compétition en Formule 1. Brillante sur les circuits, capable de rattraper tous les retards qui plombent son classement, elle finit championne de sa promo. Mais l’Histoire n’a jamais vu une femme remporter une compétition sur circuit pro : l’équipementier qui recrute à la fin de l’année préfère s’offrir le second, un garçon. Max a la haine, prend sa formule 3 et la poudre d’escampette et provoque un drame dont elle sera coupable toute sa vie. Avant même que l’on voie la tragédie à l’écran, Max nous l’avait racontée. Car malheureusement RAPIDE est de ces films qui démarrent sur une voix off qui va « vous dire comment j’en suis arrivée là » et rembobine, gardant les stigmates de ces films de plateforme qui doivent très vite capter l’attention du spectateur, puis revenir à un flot d’informations plus structuré et plus narratif. N’aide pas non plus la performance de Paola Locatelli. En voix off, son jeu reste très fragile car seule face à des intentions et des émotions, la jeune actrice est trop inexpérimentée pour assurer. En revanche, quand elle interagit avec Anne Marivin, Mathilde La Musse ou Alban Lenoir – dans un rôle très touchant de fils à papa richissime mais immature –, qu’elle doit finalement se jouer telle qu’elle est, c’est-à-dire une fille de son âge avec des dialogues adaptés aux gens de sa génération et jamais écrit comme de la littérature, alors elle convainc, elle charme et elle emporte.
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Réalisateur : Morgan S. Dalibert
Avec : Paola Locatelli, Alban Lenoir, Anne Marivin, Rik Kleve
Pays : France
Durée : 1h40