ON VOUS CROIT
À Reims Polar, ce film – une forme dépouillée, condensée et réaliste d’enquête judiciaire – a tout raflé. Et pour cause. ON VOUS CROIT est un objet hyper puissant de cinéma, entre un traitement sans concession à la Arte et une intelligence sociale à la Dardenne. C’est à la fois un sujet et une mise en scène qui convergent à une démonstration sans appel : les mères ne sont pas suffisamment entendues dans les affaires de violences domestiques et ce vieux reliquat de patriarcat fait des victimes. Nous sommes au tribunal, alors qu’Alice, maman d’Étienne et Lila, va affronter son ex-mari devant madame la juge, pour répondre à ses attaques visant, in fine, à la priver de la garde. Depuis des mois pourtant, elle informe la justice des mauvais traitements qu’il inflige à ses enfants ; en représailles, il a pris une avocate chargée de démontrer l’irresponsabilité de son ex-épouse. Pas d’équivoque ni de faux suspense : en préambule de ce face-à-face filmé in extenso, les deux adolescents pris en tenaille sont terrifiés à l’idée de croiser leur père, ce dont un avocat général ne semble pas prendre la mesure. Ça en serait drôle (ça joue avec justesse sur un certain humour noir), si ce n’était pas si tragique. Au centre du dispositif, l’interprétation chirurgicale de Myriem Akheddiou, second rôle toujours parfait du cinéma français (LES ENFANTS VONT BIEN ce mois-ci), et de Laurent Capelluto, lui aussi sous-exploité jusque-là.
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De : Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys
Avec : Myriem Akheddiou, Laurent Capelluto, Natali Broods, Ulysse Goffin
Pays : Belgique
Durée : 1h18
