MAXXXINE

31/07/2024 - Par Perrine Quennesson
Avec l’excellent troisième opus de sa trilogie X, Ti West convoque la « satanic panic » des 80’s et un véritable serial killer pour mieux servir d’épouvantail aux rêves hollywoodiens de Mia Goth. Le tout dans un jeu jubilatoire de références.

Le cinéma, une ritournelle qui n’en finit plus de s’autociter, pour se transformer, se malaxer et changer les perceptions. C’est ce que raconte Ti West avec cette trilogie X qui trouve sa parfaite conclusion dans MAXXXINE. Dans ce troisième opus, on retrouve Maxine Minx, quelques années après le tournage devenu bain de sang de X. Toujours aussi déterminée, celle qui a poursuivi une carrière dans le porno espère passer à la vitesse supérieure vers la gloire en rejoignant le casting d’un film d’horreur. En parallèle, un serial killer, qui semble en savoir beaucoup sur le passé de la wannabe star, sévit dans son entourage. De film en film, Ti West raconte la fin d’une victimisation, la revanche d’une gent féminine qui se libère des carcans religieux, familiaux ou masculins. Le fer de lance de cette révolution ? Il est incarné par Mia Goth, impériale. Tantôt Maxine Minx, tantôt Pearl, elle est cette victime idéale – jeune, belle, prête à tout – factieuse, ambitieuse, incapable de rester dans le rôle de la petite chose qui doit subir. Une héroïne des temps modernes déployée sur plusieurs époques, de PEARL à MAXXXINE en passant par X, comme une lame de fond incoercible. Mais mieux que de simplement le dire, Ti West convoque tout un imaginaire du cinéma pour mieux jouer avec le sens des images, voire parfois contredire l’interprétation qui en est faite, celle justement qui a entériné la femme dans la position victimaire. Si dans X, il citait aussi bien la Nouvelle Vague que MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE ou PSYCHOSE, dans PEARL, l’âge d’or du cinéma américain des années 1940 que LE MAGICIEN D’OZ ou PSYCHOSE (encore), MAXXXINE n’échappe pas à la règle en allant gratter du côté du giallo, de TERMINATOR, de MANIAC, HALLOWEEN ou PSYCHOSE (toujours). Il s’amuse également à jouer avec le spectateur attentif, citant sa trilogie dans un jeu d’easter eggs qui ping-pong avec une plus large histoire du cinéma. D’ailleurs, Ti West, malin, ne voit pas le cinéma comme un récit figé, un temple à ne pas toucher, mais au contraire, comme une matière à transformer. À ce corpus cinématographique, le réalisateur conjugue pour la première fois le réel, en inscrivant MAXXXINE dans la période de la « Satanic Panic » des 80’s et les exactions du bien réel Night-Stalker. Une manière encore, pour terminer son triptyque, d’expliquer que le celluloïd trouve un écho dans le monde réel, et vice-versa. Que le cinéma ne se résume pas à des images stériles sur un écran blanc mais vit grâce à l’écriture d’une réalité que l’on peut constamment réinventer.

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Sortie : 31.07.24
Réalisateur : Ti West
Avec : Mia Goth, Elizabeth Debicki, Lily Collins, Kevin Bacon
Pays : États-Unis
Durée : 1h41
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