LIFE OF CHUCK

10/06/2025 - Par Aurélien Allin
Après la réussite de DOCTOR SLEEP, Mike Flanagan adapte à nouveau Stephen King et parvient à l’impossible : surpasser le texte (déjà très bon) du maître de l’horreur.

En dépit de la réputation qu’il avait acquise à la dure, avec des projets aussi divers que PAS UN BRUIT, le prequel de OUIJA ou THE HAUNTING OF HILL HOUSE, la sphère cinéphile avait regardé Mike Flanagan de travers lorsqu’il s’était attaqué à DOCTOR SLEEP, tiré du roman éponyme de Stephen King donnant suite à « Shining ». Le réalisateur avait réussi à y être fidèle à la fois aux écrits de King et au film de Kubrick, rabibochant ainsi, en esprit, le romancier et le cinéaste. Aujourd’hui, alors qu’il adapte à nouveau un texte du Maître de l’Horreur (la nouvelle « La Vie de Chuck », publiée en 2020 dans le recueil « Si ça saigne »), l’heure est ainsi davantage à l’impatience qu’à la méfiance.

Le monde semble glisser inexorablement vers sa fin – Internet ne fonctionne plus, la Nature se révolte –, mais un maître d’école et son ex-femme tiquent sur une pub, qu’ils voient partout : « 39 ans formidables ! Merci Chuck ! ». Le récit ne met pas longtemps à dépatouiller ce mystère et LIFE OF CHUCK, tout comme la nouvelle, de revenir alors en arrière pour conter… la vie de Chuck, campé à divers âges par Tom Hiddleston, Jacob Tremblay et la révélation Benjamin Pajak. Mike Flanagan a beau coller à la nouvelle de Stephen King, tant dans sa structure inversée débutant par l’Acte 3 que dans la plupart de ses péripéties, il trouve dans cette histoire tout ce qui constitue la singularité de son univers. À savoir un regard inquiet et mélancolique sur nos existences, sur notre mort et sur l’amour qui nous lie aux fantômes qui nous hantent. En sortant du pré carré strict de l’horreur, Stephen King et Mike Flanagan abordent ici des thèmes qui, selon les angoisses de chaque spectateur, ménagent autant de morbidité que d’élégie, et reprennent à leur compte le poème de Walt Whitman, « Chanson de moi-même », et son vers le plus connu : « Je suis vaste. Je contiens des multitudes. » Ainsi Flanagan emplit-il son récit et ses images d’une foule d’éléments, du plus signifiant au détail, pour caractériser, définir et raconter la vie de Chuck et ses multitudes. C’est justement là que LIFE OF CHUCK parvient à transcender le texte de King : celui-ci, aussi brillant était-il, restait confiné à une certaine froideur des mots et de la structure littéraire, là où le film, bien que porté comme toujours chez Flanagan par un grand art du dialogue, use de la variété d’outils qu’offre le cinéma pour parvenir à une émotion plus vibrante. Pourtant, LIFE OF CHUCK refuse le spectaculaire ou le performatif – tout juste se permet-il de changer de ratio entre ses actes –, et se révèle plutôt d’une grande douceur, charmante et touchante.

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Sortie : 11.06.25
Réalisateur : Mike Flanagan
Avec : Tom Hiddleston, Benjamin Pajak, Mark Hamill, Chiwetel Ejiofor
Pays : États-Unis
Durée : 1h51
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