L’ÉPREUVE DU FEU

Quand Hugo (Félix Lefebvre, toujours impeccable) revient dans la maison familiale pour les vacances, ses copains d’enfance ont du mal à le reconnaître : il a perdu beaucoup de poids, s’est même musclé et il a, à son bras, Queen, une copine souriante, super sexy, styliste ongulaire de carrière. Pourtant Hugo craint toujours leur jugement ; ses anciens camarades de lycée trouvent encore le moyen de se moquer de lui et de sa nouvelle vie. Car ce ne sont pas quelques kilos en moins qui changeront la place du jeune homme dans la pyramide des pouvoirs qui s’est construite à l’adolescence. La justesse du jeu psychologique à l’œuvre est époustouflante : sentiment d’appartenance, effet de meute, délit de faciès, mépris de classe, déterminisme. Au sein de ce groupe bourgeois, sans problème d’argent et sans diversité, s’est orchestré un savant rejet de l’altérité. Et c’est la face la plus cruelle de l’esprit grégaire qui s’exprime. Queen (jouée par la révélation Anja Verderosa) a beau être douce et dotée d’une empathie rare, on la rejettera toujours pour un bout de peau qui dépasse, une tenue trop fluo, des ongles peinturlurés ou des goûts douteux en matière de séries. Quant à Hugo, qu’a-t-il à prouver ? Et surtout, à qui ? Ce film de vacances s’enfonce, à coup de remarques perverses et de regards en coin, dans le brillant psychodrame adolescent. Pour un premier long, c’est impressionnant de finesse.