LE JARDIN ZEN

28/01/2025 - Par Aurélien Allin
La réalisatrice Naoko Ogigami observe la place des femmes dans le Japon contemporain avec un personnage joliment mal aimable.

« On ne gagne rien à se taire quand on nous malmène. Les temps ont changé pour les femmes. » Yoriko n’a pas eu le mémo. Ou alors trop tard. Caissière dans une supérette, elle cuisine pour son mari et son fils, nourrit son beau-père malade qui tente de la peloter. Tout le monde la prend pour acquise. Lorsque son époux, qui l’avait subitement quittée, revient au foyer atteint d’un cancer, Yoriko, qui s’épanouit dans une secte flippante, hésite : se venger ou pas ? Voilà un personnage joliment retors, troublant par ses contradictions : après avoir été écrasée par le patriarcat, elle croit s’affranchir grâce à un dogme qui l’utilise et l’essore tout autant. Mais comment ne pas aimer ce personnage mal aimable, jamais loin de la crise de nerfs, que tout le monde oppresse, qui réprime sa rage ? D’autant qu’elle est remarquablement interprétée par Mariko Tsutsui, déjà formidable dans L’INFIRMIÈRE et HARMONIUM de Koji Fukada (entre autres), dont la prestation nuancée aussi bien dans la douceur que l’agacement, trouve un terreau fertile dans la mise en scène de Naoko Ogigami. Si celle-ci privilégie un naturalisme assez standard dans un certain cinéma d’auteur japonais contemporain – lumière crue et focales moyennes –, elle sait par moment l’écarter pour de surprenantes séquences oniriques. Un ton sur le fil, comme un rire nerveux au bord des lèvres, qui sonne juste pour l’époque.

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Sortie : 29.01.25
Réalisateur : Naoko Ogigami
Avec : Mariko Tsutsui, Ken Mitsuishi, Hayato Isomura, Tamae Ando
Pays : Japon
Durée : 2h
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