LA VOIE DU SERPENT
En 1998, Kiyoshi Kurosawa réalisait un remarquable DTV d’exploitation, bizarre et nerveux, SERPENT’S PATH. Deux hommes y enlevaient un troisième pour se venger. Le cinéaste tente aujourd’hui le remake en France, avec le même postulat – à la différence que dans le duo figure désormais une femme, japonaise. Très souvent extrêmement fidèle à l’original – les rares changements majeurs concernent le dernier tiers –, LA VOIE DU SERPENT se différencie principalement par son pragmatisme. Contrairement à SERPENT’S PATH qui, sec et ramassé, vibrait de son étrangeté et de ses ressorts parfois abstraits voire nébuleux, LA VOIE DU SERPENT tente de donner du sens à tout et ne cesse de sur-annoncer son intrigue. Paradoxalement, en exposant ainsi ses rouages, le récit se fait très souvent laborieux. À force de chercher à relier tous les points, de souligner l’absurdité des situations, LA VOIE DU SERPENT s’étire, se dilue. Il perd en fluidité et son mystère en fascination. Le spectateur, frustré par trop de stagnation, désespère que le film dévoile enfin toutes ses cartes. Le propos que déploie Kurosawa sur la vengeance et la déshumanisation qui l’accompagne reste d’une puissance inaltérée, tout comme l’implacabilité de sa mise en scène, tranchante et clinique. Mais l’on attend forcément plus d’un si grand cinéaste, maître de l’étrange – comme l’ont encore prouvé les récents CLOUD et CHIME.
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De : Kiyoshi Kurosawa
Avec : Ko Shibasaki, Damien Bonnard, Mathieu Amalric, Grégoire Colin
Pays : France
Durée : 1h52