ESCAPE FROM THE 21ST CENTURY

ESCAPE FROM THE 21ST CENTURY participe à un intéressant mouvement actuel voyant les films de divertissement chinois davantage se frayer un chemin dans les salles françaises, parallèlement à un cinéma d’auteur davantage distribué dans nos contrées. Le film de Yang Li n’est cependant pas une fresque historique de fantasy contrairement à certaines sorties récentes, mais un récit aux préoccupations bien contemporaines. Le thème ressassé du voyage dans le temps (trois adolescents de 1999 acquièrent le don de déplacer leur esprit dans leur incarnation de 2019 en éternuant) est exploité de façon originale pour proposer un objet pop foisonnant. Tout un éreintant arsenal d’effets sensoriels (montage clippesque, gimmicks entre cartoon et jeu vidéo) traduit la perte de repères des protagonistes, passant de l’insouciance juvénile à l’exposition prématurée aux désillusions de l’âge adulte. Dans ce va-et-vient constant entre passé et présent, Yang Li fait un parallèle entre les maux intimes de ses héros et les mues sociales de la Chine. Le « présent » candide, rural et diurne alterne avec un futur technologique, urbain, menaçant et nocturne, dans une opposition entre paradis perdu et réalité infernale. Cette construction évite le schématisme grâce à des protagonistes attachants dont les amours et amitiés se font et se défont au gré d’un destin capricieux qu’ils devront apprivoiser.