EN BOUCLE

En 2020, Junta Yamaguchi et la troupe de théâtre Europe Kikaku donnaient naissance au formidable BEYOND THE INFINITE TWO MINUTES – sorti en France uniquement en vidéo chez Spectrum. Un film de boucle temporelle très drôle et malicieux, aussi lo-fi que virtuose. Yamaguchi creuse ce sillon avec EN BOUCLE, dans lequel les employés et clients d’un hôtel se retrouvent enfermés dans une boucle de deux minutes, qu’ils revivent consciemment encore et encore. Après le (faux) plan-séquence de 70 minutes dans BEYOND… Yamaguchi opte ici pour une succession de plans-séquence de 2 minutes chacun, parti-pris qui lui permet d’éviter les temps morts, de mieux maîtriser le rythme et la rigueur de son récit. Moins un tour de force que son aîné, EN BOUCLE compense par son écriture, toujours aussi amatrice de cocasserie rigolote, mais plus précise et davantage portée sur la poésie et l’émotion. Grâce aux personnages d’un jeune chef et d’une serveuse, amoureux contrariés par la vie, EN BOUCLE prend bientôt des atours d’échappée belle romantique qui fait s’envoler le récit et, au-delà d’un dispositif assez euphorisant, décuple l’attachement du spectateur à l’entreprise. De quoi permettre aux thématiques du film, à la fois malignes, justes et touchantes – le temps comme garde-fous aux excès des humains, la nécessité d’accepter les écueils de nos existences et d’avancer –, de pleinement s’épanouir.