ELSE
Projet au long cours (près de dix-huit ans entre le court-métrage qui lui a servi d’ébauche et cette version longue), ELSE tend involontairement une ligne entre la période très furtive où le cinéma français s’est essayé à une science-fiction ésotérique et l’assimilation actuelle du body horror. Cette superposition temporelle se double quand l’exploration du rapport, quasi-agoraphobe, aux autres d’un vingtenaire percute le souvenir encore frais d’un confinement ayant forcé les familles à vivre entassées les uns sur les autres. Le réalisateur Thibault Emin avait inventé avant le Covid cette étrange pandémie, faisant fusionner n’importe qui avec n’importe quelle matière (du bitume aux meubles), forçant Anx et Cass, amants d’un soir, à se calfeutrer dans un appartement. ELSE organise de son côté l’hybridation entre comédie romantique (une première partie qui orchestre l’intrusion de Cass, excentrique, chez Anx, à la vie trop bien rangée) et science-fiction philosophique (la suite, extrapolation d’une relation de couple devenue littéralement dévorante). Le tout se faisant héritier de Shinya Tsukamoto (TETSUO) par ses expérimentations visuelles et de Caro & Jeunet par le décor unique d’un immeuble tout en tuyauteries organiques. Emin se dévêt pourtant de ces atavismes dans une sidérante dernière partie libérée des angoisses d’Anx pour ouvrir sur un univers unique, sensoriel et méditatif.
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Réalisateur : Thibault Emin
Avec : Matthieu Sampeur, Edith Proust, Lika Minamoto, Toni d’Antonio
Pays : France
Durée : 1h40